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QUAND on estime quelque chose, on peut penser à évaluer la valeur d’un objet. Quand on estime une personne, cela signifie qu’elle est importante à nos yeux. Dans les deux cas, on évalue la valeur. Cependant, pour évaluer la valeur d’un objet ou d’une personne, c’est souvent en comparaison avec un objet ou une personne similaire. Cela sous-entend que notre estime de soi est habituellement liée à notre perception par rapport aux autres. On peut donc dire que l’estime de soi est la valeur que nous nous accordons, généralement en comparaison avec nos alter égos, c'est-à-dire les personnes qui nous ressemblent par l'âge, la situation sociale, la région où nous vivons, etc.
Il faut faire attention à ne pas confondre l’estime de soi avec la confiance en soi. La confiance en soi ne pousse pas à la comparaison avec les autres ; elle nous permet plutôt de reconnaître nos capacités (voir l'article Suis-je à la hauteur ?).
L'estime de soi est essentielle à l’épanouissement émotionnel. Nous avons tous besoin de sentir que nous avons de la valeur, à nos propres yeux, mais aussi aux yeux des autres. On pourrait également dire que l’estime de soi se construit avec le temps ; ce n’est pas inné. Si elle est fragile, au moindre impact dans la vie, comme un échec, notre estime de soi va chuter. Nous devons donc nous assurer d’avoir non seulement une bonne estime de soi, mais aussi que ce réservoir soit assez solide. Mais comment se construit-elle ?
Ce sont nos parents qui posent les premières pierres, et cela, dès notre conception. Le fœtus dans le ventre est connecté émotionnellement à sa mère. Il ressent ce qu'elle pense de lui. À sa naissance, il perçoit à travers le regard de ses parents s’il est accepté. S’il se sent rejeté, l’enfant pensera systématiquement que c’est sa faute. Les enfants s'accusent naturellement de tout ce qui ne va pas. Ils vont donc commencer à croire qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez eux, qu’ils ne sont pas assez bien pour mériter l’attention et l’amour de leurs parents.
Quand il s’agit de nos premières années de vie, on comprend bien que l’estime de soi est très différente de la définition donnée au début de cet article, dans le sens où un bébé n’a pas encore exploité ses capacités, n’a pas encore réalisé de choses ou acquis des biens qui pourraient lui donner de la valeur. En fait, à ce stade de vie, la seule valeur qu’il a de lui-même est tout simplement celle que ses parents lui attribuent.
Comment un bébé sait-il qu'il a de la valeur ? Par l’amour qu’il reçoit. Plus il est aimé, plus il se sent valorisé et a de la valeur aux yeux de ceux qui l’aiment. Peu importe l’enfance que nous avons eue, j’ai constaté que nous avons tous des carences affectives à des degrés différents et des problèmes de dévalorisation de soi.
Pour illustrer l’estime de soi, on pourrait dire que c’est comme un verre d’eau. L’estime de soi, c'est le contenant, et l’affection que nous recevons, c’est le contenu, l’eau dans le verre. Le tout forme notre réservoir affectif. Lorsque nous avons une bonne estime de soi, nous nous considérons comme aimables, nous méritons l’amour. À contrario, si nos parents ont eu des difficultés à exprimer leur affection, l’enfant en conclura qu’il ne méritait pas l’amour. Son verre sera en quelque sorte fissuré. Même si des personnes essaieront de transmettre de l’affection à cette personne, elle aura du mal à réceptionner cette affection, elle sera même mal à l’aise, parce qu’au fond d’elle, elle pense ne pas mériter cela.
En grandissant, les choses changent un peu. Inconsciemment, c’est toujours l'image de nos parents et la valeur qu’ils nous ont attribuée qui constituent les fondements de notre estime de soi. Toutefois, nous allons consciemment nous détacher de leur regard pour chercher l’approbation d’autres personnes que nous admirons, comme un professeur, un patron, une célébrité, un conjoint, etc. En fonction de ce qui est important à nos yeux, nous allons adopter différents critères pour évaluer notre propre valeur et celle des autres.
Cette construction consciente est superposée à celle de l’enfance. Cela signifie qu'une personne qui aura une bonne construction adulte, mais qui a été rabaissée, humiliée ou rejetée par ses parents aura toujours une estime de soi fragile, surtout si elle ne fait pas un profond travail sur elle-même en thérapie.
Pour beaucoup de personnes aujourd'hui, la réussite passe par de longues études, une grande carrière professionnelle, des projets passionnants... Cette construction reste fragile, car tôt ou tard, nous commettrons des erreurs dans notre parcours scolaire et professionnel.
Si notre estime de soi est construite sur ces réussites, alors les échecs vont la détruire. De plus, nous deviendrons dépendants de notre travail, parce qu'il sera lié à notre identité, et cela nous amènera sur le terrain du burn out.
Ces dernières années, plus que jamais, le physique est devenu un critère très courant de l’estime de soi, autant chez les hommes que chez les femmes. Le problème avec ce critère, c’est que nous ne choisissons pas totalement notre physique. De plus, même si aujourd'hui, nous avons un bon physique, cela peut changer, et cela va changer. Comme avec le critère précédent, notre estime de soi pourrait être fragilisée à tout moment.
J’ai d’ailleurs remarqué que les personnes qui se mettent à faire du sport pour améliorer leur physique deviennent plus exigeantes avec elles-mêmes, elles commencent à remarquer les moindres défauts de leur corps, qu’elles ne voyaient pas forcément avant, et finalement, elles se reprochent toujours quelque chose. En effet, personne n’a un corps parfait.
C’est agréable quand une personne nous donne de la valeur, peut-être même nous admire. Mais le problème, c’est que nous sommes alors dépendants de ce que pensent les autres, de leur regard.
Si nous choisissons ce critère, nous allons passer notre temps à toujours vouloir plaire aux autres. Nous allons finir par être un caméléon, qui passe son temps à s’adapter aux autres et à finir par oublier qui on est. La réalité qu’il faut accepter, c’est que nous ne pouvons pas plaire à tout le monde. Si nous plaisons à beaucoup de personnes, c’est que nous n'affirmons pas assez notre vraie personnalité. Encore une fois, cela reste un critère fragile qui pourra facilement être ébranlé dans notre vie.
Un bon critère d’estime de soi doit être solide, quoi qu’il arrive. Il ne doit pas dépendre de l’avis des autres, mais de notre propre regard sur nous-mêmes. Selon moi, il n'y a pas de meilleurs critères que nos valeurs.
Que sont des valeurs ? C'est des principes de vie que nous avons choisi d’adopter et de suivre, car nous estimons qu’ils sont justes et importants. D’ailleurs, beaucoup de pays et d'entreprises identifient leurs valeurs (par exemple, en France : liberté, égalité, fraternité). Voici quelques exemples de valeurs assez fréquentes :
Chacun choisit les valeurs qu’il veut suivre. Personnellement, la spiritualité m’a beaucoup aidé à trouver les valeurs qui étaient importantes pour moi. Bien souvent, nous avons déjà choisi inconsciemment les valeurs que nous voulons suivre. Il faut juste en prendre conscience. Ces valeurs doivent nous faire vibrer. Elles doivent être plus importantes que tout le reste. Demandez-vous, serais-je prêt à mourir pour défendre cette valeur ?
Exercice pratique :
Faisons aussi attention à ne pas choisir des valeurs impossibles à respecter, sinon cela sera juste culpabilisant. Par exemple, donner le meilleur de soi-même ne signifie pas ne pas faire d’erreurs. Si j’ai fait une erreur dans ma vie professionnelle ou personnelle, cela amènera en général une remise en question. Il peut être très bénéfique de reconnaître une erreur, de chercher le pardon d’une personne que nous avons blessée, d'essayer autant que possible de réparer cette erreur, mais cela n’avance à rien de se rabaisser sur sa valeur personnelle.
Enfin, une fois nos valeurs validées, nous avons besoin de respecter ces valeurs pour vivre en harmonie avec nous-mêmes. Dès que nous ne respectons pas nos valeurs, nous culpabilisons. C’est pourquoi nous devons aligner chaque aspect de notre vie avec nos valeurs, vie personnelle autant que vie professionnelle. Il n’y a rien de pire que de devoir faire quelque chose qui va à l’encontre de ses principes, de ses valeurs. C’est comme se renier soi-même, se trahir.
Si nous constatons que nous respectons ces valeurs, alors nous sentirons une profonde satisfaction, nous savons alors que nous sommes “une bonne personne”. Avec le temps, plus nous ferons des choix qui seront en accord avec nos valeurs, plus nous consoliderons notre estime de soi. Et lorsque nous aurons des échecs, notre construction résistera à cette épreuve. Nos valeurs font notre valeur.
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